Michèle Salamagne
Biographie détaillée, par Mélissa Chemam
Le Dr Michèle-Hélène Salamagne est née en France, probablement au début des années 1940. On trouve très peu de sources sur sa jeunesse ou sa vie personnelle. Comme elle le raconte dans une interview (voir lien YouTube à la fin de cette note), elle commence ses études de médecine en 1960 et passe sa thèse en 1968. Elle a reçu une formation de médecin anesthésiste.
Au milieu des années 70, le Dr Salamagne ouvre la voie aux soins palliatifs en France avec la proposition de créer la première consultation hospitalière spécialisée dans la douleur. Le mouvement des soins palliatifs, né en Angleterre à la fin des années 1960, à l'hôpital St Christopher, sous l'impulsion d'une pionnière nommée Cicely Saunders, fait lentement son chemin en France des années plus tard.
En 1978, le Dr Michèle-Hélène Salamagne ouvre, à l’hôpital de la Croix-Saint-Simon, à Paris, une consultation externe pour des malades cancéreux en phase avancée. Il s’agit de la première consultation de ce type. Elle raconte : “J’y fus confrontée, sans y être préparée, à la réalité des personnes en fin de vie. À la nécessité de soulager et d’accompagner leur douleur mais aussi à la recherche de sens de ceux qui se confiaient à moi. Mais je n’avais pas les outils nécessaires pour être à la bonne distance. C’est alors que, grâce à l’aide de médecins anglais, je pris conscience de l’importance de mettre en place une équipe pluridisciplinaire. Et c’est ainsi qu’en 1990, avec le docteur Sebag Lanoë, nous avons créé la première unité de soins palliatifs à l’APHP, à Villejuif.”
C'est à elle, que, tout naturellement, l'Assistance publique confie la création de sa première unité de soins palliatifs (USP), en février 1990, à l'hôpital Paul-Brousse, trois ans à peine après l'ouverture du service du Pr Abiven, à l'Hôpital international de l'université de Paris.
À partir de février 1990, et de la création par l'Assistance publique de Paris de l'unité de soins palliatifs (USP), elle en prend la direction.
En 1993, après quatre ans de mandat du Dr Maurice Abiven, le Dr Michèle Salamagne prend aussi la présidence de la SFAP, qu’elle occupe jusqu'en 1996.
Lors de son 4ème congrès, qui se tient à Strasbourg en 1994, elle reçoit du ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, la réaffirmation de l'engagement de l'Etat dans « le développement de cette démarche de soins et de lutte contre la douleur. »
Lors d’une interview elle explique : «Nous les recevons quand la médecine ne peut plus rien pour eux, parce que justement elle peut encore quelque chose. Si elle ne va plus guérir, elle peut soigner les symptômes. Grâce à la morphine, elle peut calmer la douleur. Elle peut aussi donner du confort, être à l'écoute de la personne, la respecter et l'accompagner jusqu'au bout.»
Travail autour des soins palliatifs
Le Dr Michèle-H. Salamagne est devenue le médecin-chef de l’unité de soins palliatifs de l'hôpital Paul-Brousse (Villejuif), quand elle a ouvert ses portes en février 1990. Elle y est confronté à des situations humaines difficiles, et met au point des pratiques de soins, au cours desquelles malades, familles, médecins et soignants se retrouvent dans une authentique communauté de vie.
Elle a raconté les débuts dans un entretien à La Croix en 2015 notamment : “Il y a d’abord eu l’action de certaines pionnières, notamment au sein des confréries religieuses. On peut citer bien sûr citer, au XIXe siècle, Jeanne Garnier et l’association des Dames du Calvaire ou, plus tard, les hospices des Oblates de l’Eucharistie. À chaque fois, l’objectif était le même : offrir un lieu décent pour accompagner des personnes en fin de vie. Ce mouvement reposait sur une immense bonne volonté mais c’était encore très artisanal et chacun bricolait un peu dans son coin.”
Elle ajoute que le véritable tournant “s’est produit après la Seconde Guerre mondiale. On a vu émerger un questionnement sur la douleur des patients et les moyens de mieux la prendre en charge. Le moment décisif a été la création par Cicely Saunders en 1967 à Londres de l’hospice Saint-Christopher, entièrement dédié aux soins palliatifs. Ce concept s’est ensuite diffusé dans d’autres pays, notamment au Canada où un chirurgien, Balfour Mount, a fondé la première chaire d’enseignement des soins palliatifs. En France, cela a bougé sous l’impulsion d’étudiants en médecine de Laennec, qui sont allés faire un voyage d’étude à Saint-Christopher. À leur retour, ils ont diffusé l’idée qu’il fallait prendre en charge autrement la fin de vie.”
Dans un autre entretien avec le magazine Lyon Capitale, elle ajoute ces détails : ‘Quand le mouvement des soins palliatifs a débuté en France, dans les années 1970-1980, le personnel soignant savait comment enrayer la maladie, la circonscrire, la vaincre, pas comment accompagner la fin de vie des patients. Pour un médecin qui apprenait pendant ses études les signes cliniques des pathologies, leurs traitements, leurs pronostics, la mort était un échec. À cette époque, le sort des agonisants était confié aux infirmières. Les médecins n’intervenaient que lorsque la douleur devenait trop intense et que plus rien ne pouvait être tenté, en prescrivant parfois une injection létale, pudiquement appelée “cocktail lytique”.’
Dans une description de son premier livre sur le sujet, on trouve les réflexions suivantes : Le Professeur René Schaerer définit ainsi les soins palliatifs : “Quand on ne peut plus influencer le cours d'une maladie incurable, le malade n'en continue pas moins à demeurer un être vivant qui présente des symptômes sources de souffrance. Le traitement qui s'adresse à cette souffrance-là est dit palliatif : il ne traite pas la maladie mais le malade ; il ne prétend pas guérir mais soulager.
Les soins palliatifs constituent depuis un enjeu social déterminant : ils doivent assurer au malade dignité et qualité de vie.
Dans la pratique, en institution hospitalière ou à domicile, les soins palliatifs visent à préserver l'autonomie et les liens sociaux de la personne. Ils procèdent d'une compétence technique (lutte contre la douleur) et d'une exigence humaine (permettre les relations).
L'unité de soins palliatifs est un phénomène social. Il ne s'agit pas de s'en remettre à des spécialistes pour gérer la mort. La fonction de ces services médicaux qui demeurent assez rares est, tout en assumant l'accueil des malades en phase terminale et de leurs familles, de diffuser des enseignements et des savoirs qui contribuent à retrouver aujourd'hui les conditions d'un accompagnement satisfaisant des êtres en fin de vie.
L'unité de soins palliatifs est avant tout un lieu de vie.
À lire, à voir :
Ses livres :
Accompagner jusqu'au bout de la vie : Manifeste pour les soins palliatifs
19 novembre 1992
Avec Emmanuel HirschSoigner à domicile : Des malades en fin de vie
3 mars 1993
Avec Jean-Marie GomasAccompagner : trente ans de soins palliatifs en France
SALAMAGNE Michèle-Hélène ; VOVELLE Michel ; THOMINET Patrick ; HORWITZ Marc
Demopolis, 2015
Des articles :
“La demande d’euthanasie"
De Michèle-Hélène Salamagne, et Sylvain Pourchet
Dans Fins de vie, éthique et société, Érès, 2012“La demande d’euthanasie”
De Michèle-Hélène Salamagne, Sylvain Pourchet
Dans l’ouvrage Fins de vie, éthique et société, Érès, 2016
Entretiens écrits
Quand l'hôpital adoucit la mort
L’Express, 1998
https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sante/quand-l-hopital-adoucit-la-mort_494891.htmlSoins palliatifs : ce qui a changé en France depuis trente ans
Lyon Capitale, 5 juin 2015
https://www.lyoncapitale.fr/actualite/soins-palliatifs-ce-qui-a-change-en-france-depuis-trente-ans
Entretiens filmés
Bioéthique et soin : Entretien avec Michèle-Hélène Salamagne
https://www.youtube.com/watch?v=6O11FCeU4DoDiscussion avec les équipes de l'Unité de soins palliatifs de l'hôpital Paul Brousse
Partie 1/2 : https://www.youtube.com/watch?v=b0HenfU5QJs
Partie 2/2 : https://www.youtube.com/watch?v=a_lr6RnoVd8
Écoutez l’épisode
Michèle Salamagne a été présentée par notre invité Christophe Fauré dans l’épisode 8 du podcast.