Simone de Beauvoir est aujourd’hui une des seules femmes philosophes - hélas - à figurer immanquablement dans les anthologies. Elle est l’une des références majeures des féministes, autant par sa réflexion propre que par le nouveau champ de réflexion qu’elle a inauguré avec Le Deuxième Sexe.
De son vrai nom Jeanne Marie Bertrand de Beauvoir, elle naît en France en 1908, dans un milieu bourgeois où elle reçoit une éducation catholique et conformiste.
A l'âge de quatorze ans, elle devient athée et décide de devenir écrivaine. Animée d’une soif irrépressible de liberté et de connaissance, sa détermination lui permet de mener la vie intellectuelle et amoureuse qu'elle souhaite, en dehors des carcans. Elle suit ainsi un parcours universitaire en philosophie (elle devient la plus jeune agrégée de philosophie de France à seulement 21 ans), et devient professeure.
Elle enseigne à Marseille, Rouen puis Paris mais peu satisfaite de cette carrière, elle bifurque rapidement vers une carrière littéraire.
On la présente souvent comme une personne très cérébrale, stricte, qui écrivait tout le temps avec discipline, une intellectuelle ne pensant qu'à philosopher. Et il est vrai que Simone de Beauvoir est très inspirante dans sa manière d'incarner sa pensée philosophique, notamment en abordant l'existentialisme sous l'angle du vécu.
Mais en creusant, on apprend que son expérience de vie était également très incarnée, qu'elle aimait le sexe, la marche, la danse.
Son œuvre est souvent associée à celle du philosophe Jean-Paul Sartre, avec qui elle a entretenu sa vie durant une relation étonnante de modernité à la fois amoureuse, amicale et intellectuelle.
Elle publie son premier roman en 1943 mais accède à une notoriété mondiale avec la publication du Deuxième Sexe en 1949, ouvrage nourri de références littéraires, historiques, biologiques, sociologiques et même médicales dans lequel elle livre une analyse quasi-encyclopédique de la situation des femmes à travers le prisme de l’existentialisme.
Elle est l'une des premières penseuses francophones à mettre en évidence le système de domination pesant sur les femmes. Elle fait notamment scandale en affirmant, dans la France des années 50, que l'épanouissement d'une femme ne passait pas par la rencontre d'un conjoint ou la gestion d'un foyer.
Lorsqu’elle quitte l’enseignement pour se consacrer à l’écriture, elle a déjà publié plusieurs essais et romans. En 1954, elle est la deuxième femme à remporter le prix Goncourt pour son roman Les Mandarins, largement autobiographique.
Engagée politiquement, elle se rend dans de nombreux pays où elle rencontre des personnalités communistes. Dans “L'Amérique au jour le jour”, elle relate son premier voyage aux Etats-Unis et notamment sa rencontre avec l'écrivain Nelson Algren avec qui elle vivra une relation passionnée pendant plusieurs années.
Engagée publiquement en faveur du droit à l’avortement - en signant entre autres le Manifeste des 343 - et très active dans le MLF dans les années 1970, elle dirige jusqu’à sa mort en 1986 Nouvelles questions féministes, une revue féministe.